Scrap Riders : Rencontre avec Nicolas de Ferran

  1. Comment un ancien étudiant de Berklee College of Music a-t-il décidé de composer de la musique pour le jeu vidéo ?

Nicolas de Ferran : Le jeu vidéo a toujours été une passion pour moi, au même titre que la musique et j’ai toujours eu l’ambition de devenir compositeur pour le jeu vidéo. Lorsque je suis parti à Boston pour étudier à Berklee College of Music, je me suis vraiment spécialisé là-dedans, en prenant tous les cours relatifs à ce métier : l’écriture, l’harmonie, l’orchestration, le contrepoint… mais j’ai également pris des cours de sound-design, d’intégration audio dans les moteurs de jeux et middleware, de game-design, etc.

 

  1. Comment s’est déroulée la collaboration avec Games For Tutti et Marc Celma ? Cela a-t-il été difficile ou au contraire vous êtes-vous accordés très vite ?

Nicolas de Ferran : La collaboration avec Marc Celma et Games For Tutti était tout simplement géniale. Avant mon arrivée dans le projet, Marc avait déjà établi une direction musicale assez forte, mais il m’a laissé être aussi créatif que je le souhaitais et il était toujours ouvert à mes idées et mes propositions. Au final, c’était une superbe expérience, j’ai pris beaucoup de plaisir à composer la musique de Scrap Riders. Lorsqu’on travaillait sur les derniers morceaux, on ne voulait pas que ça se termine !

 

  1. Pourriez-vous nous parler de vos influences musicales ?

Nicolas de Ferran : Mes influences musicales sont très larges car je pense qu’il y a du bon à prendre dans tous les styles à partir du moment où la musique est bien faite.

Je suis fan de musique classique et de jazz, mais j’ai aussi beaucoup écouté de métal, de punk, de trip-hop, de reggae… Ça s’entend d’ailleurs dans la musique de Scrap Riders, qui mélange beaucoup de genres différents.

 

  1. Quelles ont été vos méthodes de création pour réussir à mettre en lumière tous les aspects du gameplay de Scrap Riders ?

Nicolas de Ferran : Pour ce qui est de la composition musicale pure et dure, chaque faction et lieu de Scrap Riders a une couleur musicale qui lui est propre. Par exemple, la faction des Vikings mélange synthwave et métal, c’est assez dark, tandis que le quartier des robots dans Uber City amène des influences chiptune avec un côté plus humoristique. Le challenge était de marquer toutes ces différences tout en gardant une homogénéité entre les morceaux.

Techniquement, on a fait le choix de rester assez old-school dans la façon dont la musique est implémentée. Cependant, on a mis en place un système de “layers” dans Wwise (le middleware audio qu’on utilisait) qui nous permettait d’avoir des variations toujours différentes pour chaque morceau. Ça permet vraiment de donner du relief aux différentes phases du jeu.

 

  1. Quels sont vos outils de travail pour composer ?

Nicolas de Ferran : Mon imagination avant tout. Je travaille beaucoup dans ma tête avant de coucher les idées “sur le papier”, ce qui fait que je n’attaque jamais un morceau en mode “page blanche”. Ça me permet aussi de travailler quand je ne suis pas au studio (dans la rue, etc.)., ce qui est très pratique.

Je travaille ensuite sur Cubase, logiciel dans lequel je fais tout, de l’enregistrement au mixage/mastering. Pour Scrap Riders, j’ai utilisé un mélange de plusieurs synthés : Zebra, Diva, Serum, Massive… Ils ont tous leurs particularités, à la fois en termes de son et de fonctionnement, et c’était très intéressant de les combiner pour créer des textures et sonorités uniques.

J’utilise aussi pas mal de matériel analogique pour traiter les différentes pistes car je trouve que les synthés virtuels sonnent dès fois un peu “froids”. C’est une bonne manière de ramener de la distorsion, de la chaleur, de la compression… ce qui donne un peu plus de vie à l’ensemble.

 

  1. Quelle a été la chose la plus compliquée pour la création des musiques de Scrap Riders ?

Nicolas de Ferran : Je pense que le plus gros challenge était d’avoir une continuité, une homogénéité entre tous les morceaux, qui englobe à la fois le style de Marc et le mien, et les différentes influences musicales propres à chaque moment du jeu. Mais ce challenge était vraiment plaisant à relever !

 

  1. Et pour finir, quel serait le TOP 5 de vos albums préférés ?

Nicolas de Ferran : Très, très dur de répondre à cette question ! Voici quelques albums qui me viennent en tête, sachant que la liste sera sûrement différente demain ! 🙂

 

Jeu video :

  • Koichi Sugiyama — Dragon Quest VIII
  • Toby Fox — Undertale
  • Junichi Masuda — Pokémon Red/Blue
  • Ilan Eshkeri — The Sims 4
  • Jeremy Soule — Skyrim

 

Autre :

  • Keith Jarrett — The Köln Concert
  • NOFX — The Decline
  • Zero 7 — Simple Things
  • Alan Gilbert & The New York Philharmonic — Mahler Symphony #2
  • Steve Reich — Music for 18 Musicians
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